Enfin, l’épilogue de l’affaire des soldats ivoiriens embastillés à Bamako depuis le 10 juillet dernier ! Ce 22 décembre 2022, la Côte d’Ivoire et le Mali ont signé un mémorandum d’entente en vue d’aboutir à leur libération. Encore quelques détails à régler et ce sera désormais quelque chose qui relèvera du passé. Ces détails, c’est un coup d’accélérateur de la procédure judiciaire les concernant, les éléments du contingent ivoirien ayant été inculpés par la justice malienne. Une simple formalité à cette étape ; dira-t-on, histoire de permettre au colonel Assimi Goïta de paraitre digne aux yeux de ses soutiens internes. Qu’est-ce qui a bien pu amener Bamako à lâcher finalement du lest, là où toutes les médiations ont pratiquement échoué ?
La pression de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en est pour quelque chose. En effet, le tout dernier sommet de l’organisation ouest africaine, le 4 décembre 2022 a sommé les autorités maliennes de la transition à libérer les 46 soldats ivoiriens restants au plus tard à la fin de ce mois en cours, faute de quoi, s’en suivront des sanctions (y compris économiques). Or ce genre de sanctions, Bamako connait désormais leur ampleur pour en avoir subi leurs conséquences terribles entre janvier et juillet 2022. Le Mali s’était alors retrouvé dans l’incapacité d’honorer ses engagements financiers vis-à-vis de plusieurs de ses partenaires.
La pression de la CEDEAO a donc payé. Surtout qu’elle intervient dans un contexte très difficile pour Bamako. En effet, au Nord du pays, on assiste à un réveil des velléités sécessionnistes des groupes rebelles, ces derniers menaçant de déterrer la hache de guerre face au laxisme des autorités maliennes de la transition dans l’application des accords de paix de 2015.
La partie adverse, c’est-à-dire la Côte d’Ivoire elle-même a une marge de manœuvre à même de gagner la bataille à l’usure. Non pas seulement à cause de son poids au sein de l’organisation ouest africaine, mais le port d’Abidjan est vital pour l’économie malienne, sans oublier que le pays d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) est le principal fournisseur d’électricité du Mali.
Ce n’est pas tout. Aussi, au plan interne, de plus en plus, des voix, aujourd’hui, déçues de la gestion du dossier sécuritaire, hier comptant parmi les soutiens au régime de la transition, commencent à s’élever pour exiger des résultats dans la lutte contre le terrorisme. C’est dire que le temps et la réalité du terrain marquée par la dégradation continue de la situation sécuritaire a fini par avoir raison de tous les saupoudrages de la junte militaire malienne relativement à la lutte anti-terroriste.
Vomi par une population excédée par la montée en puissance des groupes terroristes, coincé par des groupes armées rebelles qui menacent de reprendre le sentier de la guerre, par crainte de voir le voisin ivoirien aller à l’ultime décision de la fermeture de ses frontières si vitales pour l’économie malienne, le régime de Goïta n’a plus d’autre choix que de céder à la pression de la CEDEAO au risque de se voir sur plusieurs fronts. Voilà qui va remonter la côte de l’organisation Ouest africaine.
OUMAROU KANE