La CEDEAO sous les marques de la Tinubu Management
« Le Nigéria est de retour », avait lancé le double investi à la fois président du géant économique et militaire du Nigéria et président en exercice de l’organisation communautaire, CEDEAO, à l’occasion de son 63è sommet ordinaire à Bissau, en Guinée du même nom. Bien que l’examen de la situation des trois juntes militaires du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée-Conakry soit inscrit à l’agenda du 63è sommet ordinaire des Chefs d’Etat en Guinée-Bissau, c’est finalement en début Septembre que leur cas sera minutieusement étudié en sommet extraordinaire.
Le président Tinubu, qui entend revitaliser l’institution communautaire en lui redonnant toutes ses lettres de noblesse, afin surtout d’assainir l’espace CEDEA0 d’un point de vue politique et économique. La volonté affichée du nouveau président en exercice de la CEDEAO est de s’ériger en président justicier contre le terrorisme et les coups d’Etat.
Le bataillon Tinubu de la CEDEAO contre le terrorisme et les coups d’Etat !
Le président Tinubu entend très rapidement mobiliser et mettre sur pied un bataillon de 1650 hommes mais l’on vise jusqu’à 5 000 hommes sous le label de la force CEDEAO pour s’attaquer directement au phénomène terroriste et de s’opposer aux prises de pouvoir par la force dans l’espace communautaire, notamment les coups d’Etat ou ses autres formes déguisées de provocation d’insurrections dites populaires. Les pays qui peuvent lever tout de suite des hommes au sein de leurs armées vont bientôt les désigner, en vue de composer la force ou l’armée Ouest-africaine d’intervention dans les pays en cas de coup d’Etat pour sécuriser les instituions républicaines, protéger les populations civiles, désarmer les putschistes et rétablir les institutions, en renforçant les forces républicaines (celles respectant bien entendu la stabilité des institutions) ou encore intervenir dans les pays éprouvés par le terrorisme pour renforcer les armées nationales.
Les dossiers des juntes militaires Burkina Faso, Guinée-Conakry, Mali et les conséquences du retrait de la MINUSMA !
D’ores et déjà, Tinubu a invité un groupe restreint de Chefs d’Etat de la région dont le président Nigérien Mohamed Bazoum, le Bissau-guinéen Umaru Sissoko Embalo et le Béninois Patrice Talon à le rejoindre à Abuja le Mardi 18 Juillet 2023 pour mûrir les résolutions à prendre et surtout à être fermement appliquées aux pays concernés. Les trois Chefs d’Etat invités par Tinubu à Abuja dans la capitale nigériane sont réputés aussi bien connaître les dossiers des trois juntes militaires de la région.
Déjà, c’est l’ancien président Nigérien Issoufou Mahamadou, qui est le médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso, l’ancien président Béninois Yayi Boni est le médiateur de la CEDEAO pour la Guinée-Conakry et l’ancien président du Nigéria Goodluck Jonathan s’occupe du dossier de la junte malienne, au titre de médiateur de la CEDEAO. Avec son expérience d’ancien président en exercice de la CEDEAO, le président Bissau-guinéen Umaru Sissoko Embalo va être d’un apport significatif dans la connaissance des dossiers en charge de l’institution communautaire et qu’elle traine comme un boulet rouge dans ses pieds depuis des années pour faute de franche mobilisation et de leadership des décideurs de la région, malgré leur ambition de mettre au point une organisation crédible à être inspirée à l’échelle continentale.
D’autant que l’espace CEDEAO passe déjà pour être « la région Ouest-africaine réputée être la partie la plus politiquement organisée de l’Afrique subsaharienne», selon Dr Mohammed D. Umaté, un spécialiste Africain des relations internationales. Dr Mohammed D. Umaté un analyste nigérian au regard critique et très porté sur l’avenir du continent africain dont les évolutions qui surviennent autour de lui, au gré de la géopolitique lui inspirent fréquemment l’optimisme, si les dirigeants se réveillent et sortent de leur torpeur politique et surtout que pour lui, les pères des indépendances ont déjà tracé la voie de sortie de toutes les conjonctures aussi politiques qu’économiques.
Prévenir les conséquences du retrait de la MINUSMA
Le terrorisme et les coups d’Etat ne sont pas les seuls ennemis de l’Afrique de l’Ouest et tout le continent africain. Les questions de gouvernance intègrent également la diplomatie active d’abord des dirigeants, c’est-à-dire le leadership des Chefs d’Etat mais aussi la coopération internationale avec les organismes des nations unies et les autres pays du monde, parce que l’organisation communautaire de la CEDEAO ne peut pas vivre en vase clos, à la marge du monde.
C’est pourquoi, la CDEAO doit fortement mutualiser sa diplomatie présidentielle et celle de la coopération régionale des organismes et autres organisations de la société civile pour mieux surveiller la situation humanitaire dans l’espace CEDEAO et de documenter les cas de violations des droits de l’homme en l’absence d’une organisation bien fournie, spécialisée et aussi équipée comme la MINUSMA dans la surveillance du respect des droits humains dans la région. La CEDEAO doit vite trouver des organismes supplétifs de sauvegarde des acquis socioéconomiques en matière sécuritaire avec la multiplication des fronts comme la guerre au Soudan ou en Libye, en Centrafrique, en plus de l’aggravation du terrorisme au Sahel, notamment au Burkina Faso et au Mali.
Tinubu tient vivement à redorer l’image de la CEDEAO ternie par les coups d’Etat, le terrorisme et toutes les formes de tripatouillages des constitutions des pays membres via des 3è manadats, en transformant les pays en des monarchies, même à la veille de la consolidation des alternances démocratiques.
MOUSSA NAGANOU