Il va falloir procéder à l’abandon pur et simple de l’ancien logiciel africain dont les résultats peu satisfaisants sont notoirement connus de tous : le continent africain est un vaste marché soumis aux appétits voraces des multinationales.
Des lors, il est absolument nécessaire qu’un autre type de leadership émerge pour prendre les rênes de l’organisation, en tenant compte de la réalité du contexte mondial, dominé aujourd’hui par une « nouvelle guerre froide ou les prémices de la 3è guerre mondiale » entre le camp pro-russe et celui des occidentaux.
Refuser de devenir le dindon de la farce, le pantin manipulé à sa guise par l’un des deux camps comme le fait la Chine face aux deux camps serait pour un début un objectif non négociable pour les africains afin de prendre leur destin en main et participer aussi consciemment à l’élaboration d’un monde nouveau, où ils auront voix au chapitre et pourraient influer sur la décision à prendre dans le monde.
Et rater une telle opportunité serait de faire perdre à l’unité africaine toute crédibilité aux yeux des populations qui ne la perçoivent pas comme un instrument voué à l’épanouissement de leur sort. L’Afrique devrait aussi savoir tirer partie de l’économie du conflit géopolitique avec ses matières premières et son potentiel marché des consommateurs.
C’est ainsi que la fameuse devise de l’organisation « une Afrique unie et forte » deviendra vivante dans l’âme de tout africain, en ouvrant ainsi pour les générations actuelles et futures, une ère nouvelle pleine d’espoir.
Mais quel bilan tiré après 60 ans d’existence de cette organisation à vocation panafricaine ? A cette question, on aboutit malheureusement à un constat d’échec cuisant. En effet, l’union africaine loin de constituer un puissant levier pour l’unité africaine, se dresse aujourd’hui encore aux yeux du monde comme une organisation disparate, sans âme, dont les différents Etats qui la composent font cavalier seul, dans un contexte international dominé par les grands blocs, à l’instar de l’Union européenne et des Etats-Unis d’Amérique. C’est un véritable paradoxe pour l’Afrique, un continent considéré par les observateurs avertis comme étant l’avenir de l’humanité.
Et pourtant, tous les dirigeants réunis n’ont pu résoudre l’épineux problème de la guerre qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo, celle au Tigré en Ethiopie, le terrorisme au Sahel etc. On assiste malheureusement à l’impuissance des africains à imposer la paix sur leur contient, où les fronts de guerre continuent à se multiplier.
Cette situation perdure du fait que les africains ne parlent pas d’une seule voix, prêtant ainsi le flanc à la politique du « diviser pour mieux régner ». Comment dans ce cas, l’Afrique peut-elle jouer un rôle important dans le concert des nations ?
Ce ne sont pas les sommets à répétition de l’Union africaine, qui serviront à la libération du continent, mais la ferme volonté des dirigeants à abandonner leurs intérêts particuliers au profit d’une seule « voix africaine commune» qui se fera entendre au profit du continent et bien au delà. C’est ainsi que l’institution de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF) passe pour être l’amorce d’un marché intracontinental permettant de viabiliser l’économie. Ce cas devrait faire école pour l’éclosion d’’autres initiatives d’envergure continentale.
« La force d’imposition de la paix en Afrique », entendue comme une force anti-coup d’Etat sur le continent inspirée par le secrétaire général des Nations Unies, ANTONIO Guterres devrait être opportunément saisie par les dirigeants africains pour s’adjuger la paix durable.
Mais seul «un courage historique ou un leadership affirmé» réussira à ôter l’image de l’institution solidement ancrée dans l’inconscient collectif des africains comme un syndicat de Chefs d’État plus enclin à des discours creux et des engagements sans conviction, en oubliant le rendez-vous avec l’Histoire.
ABOUBACAR SOUMAÏLA