Sécurité : Voici les grands axes de l’approche globale antiterroriste !

« Par rapport à l’approche globale à laquelle je faisais allusion tantôt, je voudrais rapidement en résumer les grands axes. Dans la lutte contre le terrorisme.

Axe 1: Il faut bien évidemment mobiliser et déployer l’Armée, c’est à dire les FAN. Jamais notre Armée n’a été aussi équipée en armes, munitions, véhicules, avions et même drones qu’au cours de ces dix dernières années.

 L’Armée Nigérienne doit donc se déployer de manière durable sur le terrain, rechercher l’ennemi et le neutraliser, détruire ses bases et lui interdire toute liberté de mouvement. C’est l’axe numéro 1 de notre stratégie, que nous appelons l’axe militaire.

Axe 2: Le deuxième axe d’effort sera entrepris par les Forces de Sécurité intérieure : la Gendarmerie Nationale, la Garde Nationale, la Police sous la direction des Préfets et des Magistrats, des Forces de Sécurité Intérieure ont pour mission de veiller au respect de la loi et à la préservation de l’ordre publique. Leur rôle est essentiel, mais distinct de celui des Forces Armées.

C’est aux FSI de protéger les populations, de lutter en permanence contre l’extorsion et le racket, abusivement appelé Zakat. C’est aux Forces de sécurité Intérieure de lutter contre le vol de bétail opéré par les groupes terroristes à une échelle industrielle. C’est aux Forces de Sécurité Intérieur que revient la mission de lutter contre le banditisme résiduel qui se cache sous le nom de terrorisme, mais qui est simplement un banditisme d’opportunité souvent l’œuvre des enfants du terroir qui profitent de la psychose installée par l’activité des groupes terroristes pour commettre leur forfait.

Contrairement à l’Armée qui opère sur instruction d’un Etat-major centralisé suivant des procédures contraignantes et une planification préalable de ses opérations, la loi met les Forces de Sécurité Intérieure sous l’autorité ou l’emploi du Ministre de l’Intérieur et du Ministre de la Justice. Le Ministre de l’Intérieur délègue cette autorité aux Préfets et le Ministre de la Justice aux Magistrats.

C’est donc le Préfet qui actionne l’intervention de la Gendarmerie ou de la Garde Nationale, pas les Hauts Commandants des Forces. Cet ordonnancement juridique souffre de nombreux disfonctionnements soit par ignorance des textes, soit par esprit d’indiscipline, soit par peur de s’engager dans des missions devenues plus difficiles. Bien sûr les Forces de Sécurité Intérieure peuvent faire appel à l’Armée, si elles sont débordées ou si la menace est de type conventionnel face à un ennemi supérieur en nombre et en puissance de feux.

Mais, et nous le savons tous, ce n’est pas le cas de voleurs qui viennent avec deux motos pour opérer leurs forfaits et tranquillement regagner leur repère. Pour réussir ce deuxième axe d’effort, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, avec l’accompagnement du Ministère de l’Intérieur, a développé depuis maintenant quelques années dans la région de Tillabéry, un programme d’appui au Conseil Départementaux de Sécurité.

Depuis quelques mois, ce programme concerne plusieurs départements de Tahoua et de Maradi. Nous allons l’élargir au reste du pays, notamment à Maradi, Agadez et Diffa.  Le projet se propose d’organiser une fois par mois, les réunions des CDS élargis aux élus et aux autorités coutumières. Il s’engage également à financer la mise en œuvre des recommandations adoptées durant ces réunions.

La présence des élus, des chefs et des maires au sein de ces conseils est de nature à apporter aux FDS une meilleure connaissance du terrain sociologique et géographique de leur zone d’opération et la proximité des chefs-lieux de département avec les lieux de crise, permet de réagir au plus près des évènements et avec la célérité requise. Avec l’appui du Ministère de l’Intérieur, le programme envisage de soutenir les CDS en les dotant de personnels et de matériels prévus dans les TED des différentes forces qui les composent et de leur donner les moyens d’agir sur le terrain en permanence, bref en faire de véritables centre de décisions capables  de commander des activités opérationnels.

Car Mesdames et Messieurs, cette guerre ne se gagnera pas à partir de Niamey. Elle se gagnera localement. Si nous arrivons à protéger les populations, à prévenir leur appauvrissement par la Zakkat et le vol du bétail, nous aurons en fait gagné la guerre contre les terroristes car nous auront privé les terroristes de ressource précieuse qui constitue le nerf de toute guerre.

Le reste, je l’ai déjà dit, est l’affaire de l’Armée qui elle doit poursuivre les groupes armés jusque dans leur derniers retranchements et les annihiler. Axe 3: le troisième axe d’effort sera constitué par le dialogue politique. Ce dialogue se déroule d’abord entre les communautés et l’Etat ensuite l’Etat organisera le dialogue entre les communautés elles mêmes.

Entre les communautés et l’Etat, car il convient de prendre le pouls des communautés, de connaître leurs problèmes, leurs préoccupations leurs revendications. C’est pourquoi il faut multiplier les forums, les rencontres communautaires, les caravanes de la paix, les tribunes citoyennes, les audiences foraines.

Au niveau de la HACP, nous allons dorénavant privilégier les transferts directs aux autorités préfectorales plutôt que les ONG pour animer ces rencontres. Car il s’agit aussi de renforcer la crédibilité et la légitimité de l’Etat aux yeux des populations et non de contourner les autorités.

Le but de toutes ces activités est de ramener la quiétude entre les communautés et surtout prévenir l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires par les terroristes sous le prétexte de la défense d’une communauté brimée. Car il est dangereux de laisser une communauté avoir l’impression que ce sont les terroristes qui doivent la défendre.

Il faut donc aussi organiser des rencontres entre les communautés, il faut conclure des accords entre communautés toujours sous l’égide de l’Etat, à l’exemple de l’Accord de Banibangou entre toutes les communautés du Zarmaganda, accord piloté par le Ministre de l’Intérieur.

Axe 4 : Enfin, dans le cadre du quatrième type de réponse, la réponse économique, il faut, bien entendu, soutenir les populations éprouvées par les conflits. Les soutenir par une action humanitaire d’urgence mais aussi par la mise en œuvre de projets à impact rapide de type AGR ou HIMO, pour recréer des opportunités économiques pour les jeunes et les autres couches vulnérables de la population.

Notre stratégie ainsi décrite est complète. Elle comporte un volet militaire, un volet sécuritaire, administratif et judiciaire, un volet de dialogue politique et un volet économique. La mise en œuvre de cette stratégie, devrait nous garantir la victoire ».

Extrait du discours du général MAHAMADOU ABOU TARKA

Le président de la Haute Autorité à la consolidation de la Paix (HACP)

Partager l'article
Author: Mourya Niger