Burkina Faso : Le tout militaire dévoile son échec !

La situation sécuritaire au Burkina Faso a pris une tournure dramatique, à cause de la crise humanitaire qu’elle a engendrée dans les zones désormais tombées dans l’escarcelle des terroristes. C’est 40% du territoire du pays du capitaine Ibrahim Traoré qui est désormais occupé par les groupes armés terroristes de diverses obédiences qui règnent sans partage sur ces « No man’s Land », loin du contrôle de l’État Burkinabè, en mettant les populations sous coupe réglée.

Nul ne peut contester que le pays des hommes intègres a perdu l’intégrité de son territoire aujourd’hui, malgré la promesse de reconquête de celui-ci, aux premières heures de l’accession du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir.

Dans l’euphorie, on a même fixé une échéance, voire un ultimatum à l’éradication de l’hydre terroriste, en renforçant notamment les forces armées burkinabè par les volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) par l’adoption d’une loi, dès le 17 décembre 2022. Cette innovation des autorités burkinabè s’inscrit dans une « dynamique de sécurisation et de reconquête de l’intégrité du territoire ».

Ente temps, des groupes armés, dont certains sont affiliés au groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) et à l’État islamique au grand Sahara, imposent aux populations un véritable blocus dans certaines localités comme Djibo, en réussissant à isoler ces villes en vue de mieux asseoir leur présence sur le terrain.

Ces terroristes ont perpétré des actes de vandalisme, voire de banditisme dont notamment la destruction de plusieurs pylônes électriques qui alimentent les infrastructures de ces villes. Les  conséquences sont désastreuses pour les populations qui privées d’électricité, perdent aussi toute possibilité d’irriguer les cultures de la vallée dans la mesure où les stations de pompage des rivières ne fonctionnent plus.

Pire, le blocus empêche de fait toute possibilité d’envoi d’aide humanitaire par voie terrestre, l’exemple le plus illustratif est l’accès récemment de la ville de Djigo sous des contraintes qui dépassent l’entendement. C’est dans ce chaos indescriptible de crise humanitaire de grande envergure, que la CEDEAO a entrepris une visite assortie d’un rapport suivi des recommandations.

Ce rapport sera soumis à la commission de la Cédéao et au gouvernement burkinabè. Les propos alarmants de la directrice des affaires humanitaires et sociales de la Cédéao en disent long sur les menaces réelles qui pèsent sur les populations de ces régions et la nécessité de parer au plus pressé, « la CEDEAO va continuer à rechercher davantage de ressources, avec d’autres partenaires, pour faire face à la situation humanitaire dans le pays ».

Un fait incontestable s’impose à la junte militaire Burkinabè. Malgré le départ de la force française, supposée être valablement supplée par une stratégie militaire basée sur ses propres forces, le Burkina Faso à l’évidence peine à reconquérir l’intégrité de son territoire. La stratégie du « tout militaire » tant prônée et de surcroît implémentée depuis l’avènement du capitaine Ibrahim Traoré vient de dévoiler au grand jour ses limites.

Ironie de l’histoire, pour faire face à cette crise humanitaire certaine, l’on aura sans doute recours à l’assistance extérieure, peut être même la France, voire l’Union Européenne devenues tacitement persona non gratta au pays des hommes intègres. Mais la logique voudrait bien que l’aide vienne principalement des nouveaux partenaires, voire des alliances récemment nouées pour ne pas dire le Mali par exemple désormais sous emprise de la Russie.

Il est donc impérieux de vite réagir en tirant les leçons pendant qu’il est encore temps, en quittant le paradigme inadapté et porteur de désolation du « tout militaire » pour opter de façon intelligente pour une démarche holistique, qui certainement aura pour conséquence d’affaiblir l’assise sociale déjà fort prononcée des terroristes.

Pour ce faire, toute  démarche mûrement réfléchie devra aussi inéluctablement intégrer une stratégie de lutte concertée au plan communautaire. C’est aussi la vision de certains pays prêts à venir en aide au Burkina Faso. A ce titre, l’exemple très récent de la Côte d’Ivoire est à encourager, n’en déplaise aux détracteurs qui voient l’ennemi en tout, lorsque le soutien leur est offert par les pays pour le moment hors de l’influence russe.

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger