Sécurité : L’armée nigérienne se rapproche des populations !

La lutte contre le terrorisme a été l’occasion de développer des stratégies innovantes, qui sortent hors des sentiers battus, jadis privilégiés par l’ancienne école militaire, qui a fait de cette institution la « grande muette» au sein de la Nation. L’armée de tout temps a été enfermée dans son monde, évoluant en vase clos, loin des préoccupations sociales. Cette attitude a contribué à créer une hantise vis à vis de l’institution militaire, dont pourtant la mission régalienne de celle-ci vise à sécuriser la Nation en touchant directement les populations.

Mais comme tout organisme, seule sa capacité d’adaptation lui permet de se rendre plus efficace et surtout de survivre aux chocs exogènes de son milieu. La capacité de réaction de toute institution aux nouvelles données issues de son environnement est son seul gage de succès. C’est donc face à la montée en puissance du terrorisme au Sahel, qui affecte désormais tout le tissu social des pays que l’armée nigérienne a décidé de rompre avec la tradition de mutisme, devenue désormais obsolète pour échanger profitablement avec les forces vives de la nation nigérienne.

Une première, mais un grand pas, qui confirme une « révolution » d’un paradigme au sein de l’État-major du Niger. C’est donc à ce titre que le 21 Mars une conférence publique a été organisée sous le thème « situation sécuritaire et réponse militaire : quel rôle pour la jeunesse nigérienne », à la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) de l’université Abdou Moumouni de Niamey. Organisée par le Ministère de la Défense Nationale en collaboration avec l’Université Abdou Moumouni et l’Union des Etudiants de l’Université Abdou Moumouni (UENUN),  cette rencontre a été une opportunité d’échanges directs, pleins de convivialité entre le monde universitaire et les Forces Armées Nigériennes.

Son objectif s’inscrit dans une large campagne de sensibilisation des populations par les forces armées. Aussi, rapprocher la jeunesse de son armée afin de briser les tabous est un acte majeur dans la lutte contre le terrorisme. C’est aussi embrasser le phénomène du terrorisme de façon holistique, en amenant par des échanges fructueux, libres et sans tabous à recueillir l’avis des populations.

Cette entreprise de démystification de l’armée nigérienne par elle-même, a pour avantage d’encourager une franche collaboration entre les forces armées nigériennes et les populations prises malheureusement pour cibles par les terroristes. D’autant que dans la lutte contre le terrorisme, les populations aussi constituent une armée de civiles. C’est une autre facette de la stratégie antiterroriste du Niger qui vient d’être déclinée par la proximité de l’armée nigérienne, vis à vis des citoyens, en prenant le contre pied de l’infructueux principe du tout militaire en vogue dans des Etats à stratégie inadaptée comme le Mali et le Burkina Faso.

L’armée nigérienne a décidé de ratisser large, en s’approchant des forces vives de la Nation, c’est une forme d’intelligence sociale qui fera à coup sûr école sous d’autres cieux.

ABOUBACAR SOUMAÏLA