Mali : Cessez ces critiques que je ne saurai entendre !

Le Courroux du colonel Goïta devrait savoir épargner cette jeanne d’Arc malienne. Mais tel est visiblement le mot d’ordre au niveau de la junte au pouvoir au Mali. Une junte rétive à la critique, fut-elle objective et centrée sur la recherche du bien être des Maliens. Après l’artiste et activiste Ras Bath, qui croupit actuellement dans les geôles maliennes, c’est autour d’une influenceuse très active sur les réseaux sociaux de faire les frais de sa liberté de ton et de son opinion critique contre la gestion du régime de transition.

Madame Rokia Doumbia, est une influenceuse très connue au Mali pour son combat contre la vie chère dans son pays. Elle publie régulièrement des vidéos sur des preuves palpables de cette cherté de la vie dans son pays à travers des visites de marchés et de magasins au Mali. Avec ses plus de 150 000 abonnés au compteur, Mme Rokia Doumbia arrive à capter et à attirer l’attention de beaucoup des citoyens maliens sur la situation du pays.

La situation sécuritaire désastreuse qui tranche d’avec la rhétorique propagandiste du régime de Goïta et de ses thuriféraires qui ont pris d’assaut la toile depuis l’arrivée des militaires au pouvoir. Des critiques qui ne sont pas vues d’un bon œil par une junte soucieuse de maintenir la bulle de mensonge dans laquelle elle s’est enfermée depuis sa prise de pouvoir. Selon Mme Rokia Doumbia, « cette transition est un échec avec un bilan de 0% ». Elle ajoute que « Aucun Malien ne vit en paix. Pendant mes directs, les gens réagissent en dénonçant la flambée des prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre. »

Dans sa critique acerbe contre la junte d’Assimi Goita, l’influenceuse enfonce le clou : « vous n’avez pas fait un coup d’État pour ça. Quand tu fais un coup d’État en raison de l’échec de ton prédécesseur, le but est de faire mieux afin de surpasser ce dernier ».

Dans un régime démocratique, de tels propos pouvaient passer, car étant la preuve de l’existence de la liberté d’expression. Sauf que le Mali est dirigé par des militaires qui sont résolus à étouffer toutes les libertés et à faire taire toute voix discordante. C’est ainsi que Mme Rokia Doumbia est accusée « d’incitation à la révolte, de trouble à l’ordre public et d’outrage et violences envers le Chef de l’État ». Des accusations très graves, qui font peser des charges tout aussi lourdes sur la militante des droits de l’homme, une des rares voix féminines discordantes qui fait honneur à la femme africaine sur le continent. Pourtant, selon les médias maliens, l’influenceuse est loin de faire une fixation sur la junte qui dirige son pays depuis 2020. Ainsi, sous Ibrahim Boubacar Keita, elle était déjà la porte-voix d’une bonne partie de l’opinion publique malienne avec son thème de prédilection qu’est la vie chère.

Selon Jeune Afrique, comme ce fut le cas pour Ras Bath, Mme Rokia Doumbia fera face au procureur de la commune V de Bamako, qui semble être le glaive de la junte contre les « mal-pensants».

La régression des libertés publiques présage des lendemains incertains pour les toutes voix qui oseraient remettre en cause le discours officiel triomphaliste de Goïta. La liste des embastillés du régime s’allonge. Mme Rokia Doumbia et Ras Bath ont été précédés par des hommes politiques et des acteurs de la société civile bien connus comme l’économiste Etienne Fakaba Cissoko, le journaliste Malick Konaté et bien d’autres encore qui ont cru visiblement à tort que le Mali demeure une terre des libertés.

GARE AMADOU

Partager l'article
Author: Mourya Niger