Géopolitique : Les réalités de la guerre en Ukraine, et si l’Afrique se ressaisisse ?

Voilà déjà un an que les descendants d’Adam, ou bien les 7 milliards d’habitants de la planète terre, vivent avec une guerre mondiale absurde. Le 24 février 2022 les forces armées russes violent la souveraineté de l’Ukraine en s’attaquant aux installations militaires de ce dernier sur son propre territoire. Cette confrontation entre les deux voisins frères s’élargit dès les premiers tirs des canons.

Les États-Unis, de l’autre côté de l’Atlantique, mobilisent immédiatement sa machine, l’Organisation du Traitée de l’Atlantique Nord (OTAN), pour du moins soutenir les Ukrainiens. L’Union Européenne se penche sur son arsenal de sanctions économiques pour neutraliser la Russie. La Chine s’inscrit dans l’école de « Dispute d’influence » entre ses deux camarades Superpuissances Militaires (États-Unis et Russie) pour se former. Les autres États, en particulier, ceux d’Afrique et du Moyen-Orient, commencent à réviser le contenu de leur Politique Étrangère afin de tirer leur épingle du jeu.

Cette guerre Russo-ukrainienne, quoique les confrontions militaires sont limitées en l’Ukraine, se veut mondiale. Ce conflit qui est une guerre de procuration entre les États-Unis et la Russie, autrefois en Guerre Froide, date de 2008 quand l’OTAN avait proposé d’intégrer la Géorgie et l’Ukraine en son sein. La Russie a rétorqué que toute inclusion de ces deux pays cités est une déclaration de guerre.

En août 2008, la Russie n’a pas hésité d’attaquer la Géorgie. Depuis cette guerre, la Géorgie est plus proche de Moscou que de Bruxelles.

Quant à l’Ukraine, il a fallu attendre 2014 pour manifester son rapprochement d’abord à l’Union Européenne, ensuite à l’OTAN. Le Gouvernement pro-russe de Kiev a été renversé par la rue. Il est remplacé par un gouvernement pro-Ouest et prêt à entamer les reformes pour l’adhésion à l’Union Européenne. La Russie réagit en annexant la péninsule de Crimée qui abrite sa base navale. La région Est de l’Ukraine, Dombass, déclare son autonomie. 

Cette partie Ukrainienne dont la population est majoritairement russe se sentant menacée par le gouvernement de Kiev cherche à préserver son existence par un nouveau statut politique. Kiev, soutenu par ses alliés, s’attaque à Dombass qui parvient à résister grâce au soutien de la Russie. Malgré les négociations qui ont abouti à des traités, la guerre civile a continué à battre son plein dans Dombass.

L’Ukraine devient par défaut le centre d’intérêt de l’OTAN. Des conseillers militaires et les formateurs des différents membres de l’OTAN se ruent vers Kiev. Les forces armées ukrainiennes sont vastement élargies et des bataillions spéciales sont mises en place pour neutraliser les rebelles à l’Est. La Russie qui s’attendait à une telle éventualité s’attaque à l’Ukraine.

Après un an, du 24 février 2022 au 24 février 2023, de cette guerre de procuration, le Journal Mouriya s’interroge sur les véritables enjeux de cette guerre pour l’Afrique. Les experts de la politique internationale sont convaincus à l’unanimité que cette guerre Russo-ukrainienne est un point tournant de la pratique de la diplomatie, comme l’a été la Première ou la Deuxième Guerre Mondiale. Contrairement aux deux Guerres Mondiales, cette guerre ne peut ni être gagnée et ni perdue, sur le champ de bataille, par aucun des belligérants. Le seul espoir de mettre fin à ces confrontions se trouve au niveau des capitales politiques. Les populations des pays sponsors de conflit peuvent mettre fin à cette guerre pendant les élections, en choisissant les leaders, qui sont contre cette guerre.

Cette guerre qui est aussi la Compétition Politique des Surpuissances (États-Unis, Chine et Russie) impacte aussi sur la Politique Interne que sur la Politique Externe des États nations à travers le monde. Nos analyses, cette fois ci, se limitent à l’Afrique.

L’Afrique, en tant que continent, est choquée par les réalités du conflit auxquelles elle doit désormais faire face, si et seulement si elle en prend conscience. Un continent purement agraire avec presque la totalité de sa population fermière mais qui n’arrive pas à prendre soin de sa propre alimentation. Un continent avec trois-quarts de sa superficie arable et une population de plus d’un milliard qui dépend de la Russie et de l’Ukraine pour ses besoins en blé et en huile végétale. Ces deux pays dont la population mise ensemble est autour de 220 millions d’habitants, dépassant légèrement la population du Nigéria, constituent non seulement un grenier pour l’Afrique mais aussi pour le Moyen-Orient.

Les leaders politiques africaines réveillés de leur profond sommeil par les murmures des boulangers contre la cherté de la farine et les assoupissements des ménagères dans la cuisine à utiliser l’huile de table, n’ont pas manqué de distraire la scène internationale. Au lieu de se poser des questions et par conséquent prendre des mesures appropriées et propres à l’Afrique, nos dirigeants ont préféré la mendicité au travail, au dur labeur pour des solutions palpables.

 L’Union Africaine a dépêché une mission pour rencontrer les présidents Russe et Ukrainien afin que ces deux Super cultivateurs puissent nous donner quelques grains de leur labeur intensif et leur générosité. Et pourtant, un regard dans le rétroviseur révèle que la Russie et l’Ukraine dépendaient de l’extérieur pour leurs besoins en grains. L’une des causes immédiates de la désintégration de l’Union Soviétique, dont la Russie et l’Ukraine en faisaient partie, a été le manque des grains, conséquemment la carence en pain, aliment de base dans cette partie du monde.

En trois décennies, voilà les deux pays sont passés d’importateurs aux grands exportateurs. Certes, l’action de l’Union Africaine peut alléger la souffrance des africains dans l’immédiat mais l’Afrique a besoin des solutions durables pour ses besoins alimentaires dans le temps. Les leaders politiques doivent développer et moderniser l’agriculture sur le continent africain. On doit adapter la technologie dans le domaine agricole et cesser de gratter le sol avec les outils rudimentaires tels que la daba, la hilaire ou la pioche comme le faisaient nos ancêtres, il y a des milliers d’années. Le Nigéria, pourrait-on dire, est déjà sur la voie de l’autosuffisance alimentaire, grâce à la détermination de son présidant sortant, Muhammadu Buhari.  Depuis son investiture en 2015 pour son premier mandat, le président Buhari a mis en place des programmes agricoles financés par la Banque Centrale du Nigéria. Les frontières terrestres ont été fermées pendant une période de deux ans pour limiter l’importation des grains. Le pays arrive déjà à produire les trois-quarts de ses besoins en grains. (A suivre).    

Dr. Mohammed D. UMATE

Spécialiste des Relations Internationales,

modzate2@gmail.com

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Author: Mourya Niger