Sénégal : Macky Sall face à la rue !

Le pouvoir du président sénégalais Macky Sall fait face à la fronde de l’opposition dans un pays considéré comme un rare îlot de stabilité politique, contrairement à d’autres dont l’histoire est marquée par des grands bouleversements. Depuis des mois, le Sénégal est gagné par des tensions sociales à la suite de ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Ousmane Sonko ». Les dossiers judiciaires ouverts en effet, en cascade contre le jeune opposant Ousmane Sonko a contribué à faire de lui, la figure emblématique de l’opposition sénégalaise au grand dam du pouvoir de  Macky Sall, désormais considéré comme une nouvelle dictature, en panne d’inspiration, qui tente de défigurer cette belle image du Sénégal empreinte de légalité et surtout de démocratie.

Outre, les nombreux harcèlements devenus récurrents contre des  journalistes et autres acteurs de la société civile, témoignant de ce fait d’un « saccage » programmé contre les libertés fondamentales, c’est aussi l’épineuse question du troisième mandat qui suscite de vives réactions de l’opposition, exacerbées par le « flou artistique » entretenu par le président Macky Sall à ce sujet.

« L’ingénierie juridique » mise en branle pour légaliser le troisième mandat du président sénégalais est toujours assimilée par l’opposition à une vaste escroquerie politique visant à accaparer le pouvoir. D’autant plus que, ironie de l’histoire, le même président Macky Sall en son temps avait décrié le comportement de son successeur Abdoulaye Wade accusé de démolir la démocratie sénégalaise, qui pourtant était entrée dans le patrimoine politique du pays de la Terranga.

Ce grand rassemblement de l’opposition, autorisé cette fois ci par la préfecture, s’est tenu mardi 14 Mars à l’appel de la coalition Yewwi Askan Wi, en prélude au procès en diffamation d’Ousmane Sonko, prévu jeudi. L’opposition voit dans cette procédure l’intention à peine voilée du pouvoir de Macky Sall de barrer la route à son principal opposant en vue de l’élection présidentielle de février 2024.

Si le pouvoir accuse l’opposition de prêter des intentions au président Macky Sall, force est de constater que ce dernier par l’ambiguïté qu’il entretient sur ce troisième mandat apporte malheureusement de l’eau au moulin de ses opposants, visiblement déterminés à empêcher au peuple sénégalais cette mésaventure. Ce comportement contraste avec celui de l’ancien président du Niger Issoufou Mamadou, qui a toujours apporté une réponse ferme et sans ambages à la question de savoir s’il allait briguer un troisième mandat.

Les mauvais exemples étant légion, beaucoup de ses compatriotes n’apportaient pas de crédit à son engagement, et prévoyaient même un nouveau « Tazartché » à l’exemple de son prédécesseur Mamadou Tandja et ce, malgré qu’il avait conseillé à son homologue de la Guinée de lui emboîter le pas, en vain. L’histoire a ensuite confirmé qu’il était cohérent vis à vis de cette promesse et son homologue de la Guinée Conakry Alpha Condé est aujourd’hui jeté à la « vindicte populaire » de son pays, traqué de toute part par la justice.

Le président Macky Sall suivra-t-il le chemin difficile, mais plus prospère et glorieux du président Issoufou Mamadou ou succombera-t-il aux sirènes du troisième mandat ? La tentation d’y succomber est très grande et tout porte à croire que les velléités de s’accrocher au pouvoir risquent de plonger le Sénégal dans l’incertitude et l’instabilité politique.

Par ailleurs, les partisans d’Ousmane Sonko pour le moment semblent ne pas être intimidés par les menaces du pouvoir. Aussi, ont-ils décidé de braver les forces de l’ordre si d’aventure leur manifestation n’était pas autorisée, prétextant que leur droit constitutionnel ne devrait pas être bafoué. Face à la montée en puissance de la « rue » au Sénégal, le président Macky Sall devra user de beaucoup compromis et surtout de sagesse pour privilégier le dialogue, comme cela a été suggéré par les chefs religieux du pays considéré comme de véritables leaders d’opinion.

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger