Une relance de la coopération Nigéro-béninoise sous le sceau d’une nouvelle mentalité !

La coopération Nigéro-béninoise vient de prendre son envol à la faveur de la visite présidentielle de Mohamed Bazoum à Cotonou, ce lundi 13 Mars 2023. Cette visite a été mise à profit par les deux pays frères pour relancer les chantiers en cours et valoriser les opportunités socioéconomiques existantes ente les deux pays. Aussi, les questions sécuritaires et économiques ont été au centre des échanges des deux présidents, Mohamed Bazoum et son homologue Patrice Talon.

En ce qui concerne l’aspect sécuritaire, il est important de souligner que les deux pays ont signé, le 11 juillet 2022, un accord de coopération militaire. « Cet accord porte sur les échanges de renseignements, l’assistance aérienne pour surveiller les mouvements des djihadistes et des opérations conjointes entre les deux armées béninoise et nigérienne », selon la présidence béninoise.

A son arrivée en terre béninoise, le président Mohamed Bazoum a aussi effectué une visite au Port Autonome de Cotonou, en vue d’apprécier la qualité des infrastructures portuaires et constater de visu la station terminale du Pipeline d’Export Niger-Bénin à Sèmè-Kraké.

Lors de la conférence de presse conjointe, le président Mohamed Bazoum a tenu à préciser que « le pétrole du Niger est devenu le pétrole du Bénin », a insisté le président nigérien. « Il y a des taxes qui sont payées qui feront en sorte que le pétrole du Niger bénéficie au peuple du Bénin aussi. Et c’est cela la relation stratégique que nous entendons construire entre nos deux pays ». Niamey a préféré le port béninois qui sert déjà à exporter l’uranium nigérien. Le Bénin devient de ce fait, un partenaire stratégique dans le développement économique du Niger. La direction de l’institut nigérien de stratégie, d’évaluation et de prospective par la voix de son directeur conclut  que « finalement, le Bénin devient notre sortie pour la vente et la sortie de nos ressources minières vers l’extérieur. C’est quasiment l’un des ports les plus proches que nous ayons et donc ce ne sont pas des relations à négliger ».

Une belle opportunité pour les deux pays qui doivent désormais démontrer leur capacité à créer et surtout à entretenir une coopération Sud-sud exemplaire. C’est surtout à ce niveau que les mentalités des deux partenaires devront être à la hauteur de cette noble ambition. De façon incontournable, inexorable, c’est bien le prix à payer !

D’autant que, les nigériens gardent encore vivace le souvenir douloureux des traitements infligés par les béninois aux opérateurs économiques nigériens en 2010. Le Bénin avait pris des mesures jugées inacceptables par les opérateurs économiques nigériens en 2010, en les  contraignant à dédouaner au port de Cotonou l’huile végétale, le sucre et les pâtes alimentaires.

Niamey avait contesté la taxe jugée illégale et décidé finalement de boycotter le port de Cotonou. Outre, ce traitement lié aux taxes douanières, les commerçants nigériens se s’étaient plaints du manque d’égards manifestes des béninois vis-à-vis d’eux. Et pourtant, ni le port d’Abidjan, ni celui de Tema à Accra n’ont été au cœur d’un tel scandale entre des citoyens de la sous région.

Malheureusement, la proximité du port de Cotonou avec le Niger a été utilisée par le Bénin comme un atout de taille pour abuser des opérateurs économiques nigériens. Des échanges divers avec ces opérateurs économiques révèlent que les béninois souffrent d’un manque de crédibilité et de considération auprès des commerçants et hommes d’affaires nigériens. On espère qu’avec la nouvelle relance de la coopération nigéro-béninoise, cet état de fait va évoluer.

C’est pourquoi, cette nouvelle relance de partenariat entre les deux pays devra aussi prendre en compte le changement de mentalité nécessaire, à des échanges empreints de vive cordialité. Le Bénin devra inculquer à ses agents une conduite exemplaire vis à vis de « cet étranger nigérien », qui loin de venir piller ses ressources portuaires, contribue aussi dans une large mesure à son enrichissement.

En dernier ressort, ce sont les autorités nigériennes, qui devront aussi prendre en compte les intérêts de leurs ressortissants à l’étranger, surtout lorsque ces derniers sont victimes d’abus ou de tout autre comportement dégradant.

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger