Tunisie : De Bourguiba à Kaïs Saïed, ou la dégringolade de l’image d’un pays !

L’histoire de la Tunisie rime avec les relations séculaires qu’elle a entretenues avec l’Afrique subsaharienne, depuis son accession à l’indépendance le 20 Mars 1956. C’est à cette date que la France met fin à son protectorat sur la Tunisie, suite à l’aboutissement des revendications menées par un parti nommé le Destour, un parti fondé en 1920 par le cheikh Talhabi, suivi par le Néo-Destour, un parti  indépendantiste plus radical que le précédent, fondé en 1934 par un certain Habib Bourguiba.

Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne décide de faire sortir son pays du lot, du monde arabe par des initiatives courageuses. Il va faire de l’éducation de son peuple, le fer de lance du développement de son pays, ayant compris que les pays occidentaux ont suivi le même principe clef qui sous-tend tout développement.

Il  poursuit l’effort d’éducation déjà bien engagé sous le protectorat, en faisant de la jeunesse tunisienne la mieux formée au Maghreb. Après des décennies, le constat est frappant : la Tunisie regorge de compétences dans les secteurs clés du développement. Il impose à son peuple une culture de la laïcité, en donnant à la religion la place qui lui revient dans la société, en la reléguant uniquement à la vie privée des individus. L’intolérance est sévèrement combattue, la Tunisie devient du coup une terre d’accueil, avec un peuple ouvert dont les qualités liées à l’hospitalité sont devenues une référence en Afrique.

Mais, c’est surtout l’intérêt porté aux autres pays africains par Habib Bourguiba, qui a fait de lui un véritable panafricain. C’est en 1960, que Habib Bourguiba démontre son attachement à la libération de l’Afrique en devenant un fervent défenseur des mouvements de libération africaine. Aussi, il organisa à Tunis en janvier 1960 le Congrès des mouvements africains de libération dont avait pris part Nelson Mandela  de l’Afrique du Sud et Patrice Lumumba du Congo. Des icônes incontestables de l’Afrique noire.

Mais, c’est surtout en 1963, à Addis-Abeba, que la Tunisie affirme son lien historique avec l’Afrique noire par son adhésion à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en tant que pays fondateur de cette organisation qui ne comptait à ce moment-là que sept (7) pays. Son discours historique est resté dans les annales de l’histoire africaine, tant il paraissait aux yeux de ses pairs comme un grand leader africain ayant surtout apporté la preuve de l’africanité de la Tunisie.

L’héritage du père de l’indépendance de la Tunisie a constitué la rampe de lancement du développement de ce pays et consolidé les liens historiques avec les autres pays africains, en particulier subsahariens.

Le 7 Novembre 1987, il est renversé par Ben Ali qui s’appuie sur les acquis qu’il a hérités de son prédécesseur pour continuer la modernisation du pays. Le développement du tourisme, une matérialisation de l’esprit d’ouverture et d’hospitalité de son peuple fait de ce pays du Maghreb, l’un des plus visités de la région.

Les bénéfices tirés après des décennies de la priorité accordée à l’éducation permettent à ce pays de développer et d’affirmer des compétences dans le domaine médical, donnant ainsi naissance au tourisme médical.

Beaucoup de ressortissants des pays africains affluent de partout pour se faire traiter en Tunisie. Mais, comme dans tout pays, la crise économique a porté un coup dur à la confiance qui existait entre les gouvernants et le peuple de ce pays par l’émergence du printemps arabe en emportant dans son sillage le président Ben Ali.

La Tunisie était rentrée donc dans une phase d’incertitude politique marquée surtout par la paupérisation des masses. C’est dans ce contexte austère que le populisme a fleuri, avec l’avènement de Kaïs Saïed au pouvoir par l’imposition d’une dictature qui ramène malheureusement la Tunisie loin, en deçà même des avantages issus du printemps arabe.

Force est de constater que le président Kaïs Saïed n’a pas de solutions à apporter aux cris de cœur de ces populations qui vivent dans la misère inconnue, depuis Bourguiba. C’est pourquoi, comme tout pouvoir désemparé, incapable d’agir conséquemment n’a d’autre solution que la désignation de boucs émissaires, qui serviront à faire de la diversion. Et comme, un château de cartes, les actes de racisme perpétrés contre les subsahariens en Tunisie suite au discours irresponsable du président Kaïs Saïed ont provoqué l’effondrement de l’image de ce beau pays, construit avec beaucoup d’abnégation par le père de l’indépendance Habib Bourguiba, pour ne pas le nommer.

Grande fut donc la dégringolade de la belle image de la Tunisie, qui subitement perd son statut de pays hospitalier à celui de pays raciste. Quel gâchis pour un pays qui désormais pratique la chasse aux noirs dans la parfaite indifférence de ses autorités ! Pauvre Tunisie, qui aura du mal à reconstruire son illustre image brisée par des « iconoclastes » prétendument intellectuels qui occultent aujourd’hui la présence de leurs intérêts dans les autres pays africains subsahariens.

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger