Sahel : Ceux à qui profite le business de la terreur !

« L’argent n’a pas d’odeur », nous renseigne l’adage. Un adage, qui trouve toute son illustration et sa justification dans les questions du terrorisme, par l’organisation et le développement d’une véritable économie criminelle basée sur la guerre, la terreur, la peur, la psychose et ses conséquences dramatiques au détriment de la société vertueuse et son fonctionnement normal au quotidien.

D’autant qu’une économie de la guerre, une économie de la terreur s’organise peu à peu et cherche à se développer en même temps que les drames sont perpétrés dans les localités. Les groupes armés s’arrangent toujours à un double niveau pour organiser une économie criminelle, qui tiendra aussi longtemps que les populations locales resteront divisées autour des intérêts individuels, en oubliant l’unité, la solidarité et la complémentarité communautaire.

D’un côté, les groupes armés s’entendent pour provoquer la peur, la terreur en vue de piller les maigres ressources des populations locales. Mais aussi, en créant la terreur, les groupes armés s’entendent pour s’emparer des engins des forces de défense et de sécurité, piller, détruire les biens locaux et désorganiser l’économie locale normale par l’expansion de la panique et la psychose au sein de la population pour l’inciter à se disperser.

Quand la population se regroupe, elle retrouve la fraternité, la communion communautaire nécessaire à son épanouissement. C’est pourquoi, les groupes armés terroristes sans lendemain aucun créent le sentiment de division, de stigmatisation des groupes sociolinguistiques et du rejet de l’autre pour favoriser l’émergence d’un climat de méfiance et de la peur vis-à-vis de l’autre.

Exactement, ce qu’il faut nourrir pour éviter l’union et l’entente mutuelle propres aux communautés villageoises, dépositaires des cultures de la paix, de la cohésion sociale et le bonheur du vivre ensemble au quotidien. C’est justement l’inspiration que les communautés de Banibangou ont réussi à retrouver, malgré les épreuves des divisions imposées à elles par les groupes armés terroristes, qui finiront eux-aussi inéluctablement dans la poubelle de l’histoire, parce qu’ils n’ont ni projet politique ni ambition réelle de répandre une idéologie quelconque encore moins de stratégie de guerre, que de semer la terreur, la désolation et entretenir l’obscurantisme pour faire prospérer des multinationales du crime organisé  avec intelligence.

Dès que les groupes armés obtiennent une division profonde au sein des populations, ils s’arrangent à s’approprier leur confiance et s’autoproclamer les maîtres des lieux et imposent des taxes, des dimes et deviennent juges et parties dans les affaires de succession, de mariage, d’impôt sur le bétail et sur les biens divers. Les populations des zones victimes d’exactions en savent beaucoup, elles qui de gré ou de force sont soumises quelque fois à une complicité avec les terroristes.

Précisons qu’en volant des armes, des engins et des tenues militaires des forces de défense et de sécurité, les groupes armés les retournent contre les populations locales. En rase campagne, cela a un impact psychologique majeur sur la quiétude des populations, qui sont forcées de collaborer.

Au plan national, les États africains et leurs institutions se battent quotidiennement pour en même temps pour assurer la sécurité aux populations et assumer tous les autres rôles régaliens de l’État, notamment l’école aux enfants, l’eau potable aux populations, les routes, les semences, les pesticides aux paysans, les vaccins et les sérums à la santé animale, les hôpitaux, les pharmacies, les vaccins, les sérums et autres pour assurer un plateau technique répondant aux normes etc.

Les gouvernements des États irresponsables, déjà incapables d’assumer leurs fonctions régaliennes et sans stratégie antiterroriste éprouvée se jettent dans les mains de tout venant et surtout au groupe des mercenaires, tueurs privés Wagner pour perpétuer plutôt l’économie criminelle que de l’éliminer et asseoir un État républicain justifié voire certifié. De ce fait, ils deviennent des États voyous et criminels au sein d’une communauté sahélienne ou Ouest africaine en lutte pour sauvegarder son unité et la paix pour ses populations.

Au plan international, les multinationales dont les fabricants d’armes, d’engins de guerre (drones), d’hélicoptères ou d’avions pullulent voire ‘’agressent souvent’’ les ministères de la défense des pays africains éprouvés par l’insécurité pour s’adjuger des marchés juteux de fournitures d’armes de guerre. Le business des conseils militaires et stratégiques sur la sécurité se développe également et coûte cher aux pays demandeurs.

Dans un contexte international d’insécurité liée au terrorisme, les États africains prennent des coups et souffrent à plusieurs niveaux dont seule une stratégie antiterroriste éprouvée et d’approche communautaire tenant compte du principe de Pareto 80/20 comme celle du Niger, de la Mauritanie ou encore de l’Algérie peut venir à bout du mal persistant. D’autant que son application concrète et son implémentation devraient s’accommoder d’un cadre démocratique inspiré par une élite politique visionnaire avec des forces de défense et de sécurité bien formées aux stratégies raffinées et spécialisées d’antiterrorisme.

Le business de la terreur se nourrit aussi de l’ignorance et de la pauvreté des populations d’une part et de l’autre par une élite manipulable à bon marché, une classe politique sans projet politique viable, à même d’apporter des solutions idoines aux préoccupations des citoyens par une gouvernance démocratique.   

MOUSSA NAGANOU     

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Author: Mourya Niger