Instabilités politiques, terrorisme, gestion des transitions, affaire de 46 soldats ivoiriens, monnaie unique, etc., la réunion des dirigeants Ouest africaine à Abuja aura été riche, aussi bien en sujets qu’en termes de décisions. Résumé…
Le colonel Assimi Goïta sommé de libérer les 46 soldats ivoiriens au plus tard le 1er janvier 2022
Cette décision sortie du sommet d’Abuja semble focaliser tous les esprits avec comme point d’interrogation : le pouvoir de Bamako courbera-t-il l’échine ? En cas de résistance, il y aura de sanctions, fait-on savoir. Mais lesquelles ? Contre qui ? Le Mali ? Les autorités maliennes de la transition uniquement ? Ou bien les deux à la fois ? Pour l’heure Bamako n’a pas réagi. Mais qui connait l’attitude belliqueuse des dirigeants maliens enclins à surfer sur ce genre d’événements, histoire de jouer aux durs et de continuer à nourrir son opinion d’illusions comme ils ont l’habitude, l’occasion est bonne et propice pour le bouillant Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga de signer son retour sur scène, après plusieurs mois de maladie et de convalescence. Attendra-t-il seulement la signification officielle de la Décision pour réagir ? C’est le togolais Faure Gnassingbé, en charge justement du rapprochement entre Bamako et Abidjan à la demande des autorités maliennes de la transition, que ses pairs ont désigné pour notifier la sentence de l’organisation communautaire au colonel Assimi Goïta.
Il faut noter à ce sujet, que depuis la libération des 3 femmes du contingent ivoirien embastillé depuis le mois de juillet dernier à Bamako, les négociations en vue d’en faire bénéficier les 46 autres n’ont pas évolué, tous les bons offices sont demeurés jusque-là vains.
Bientôt une force régionale contre le terrorisme et contre les coups d’Etat
L’annonce en vue de la création d’une force anti-coup d’Etat avait été faite en fin juillet dernier lors d’une conférence de presse conjointe animée, à Bissau (Guinée Bissau), par les présidents français Emmanuel Macron et son hôte Umaro Sissoko Embalo. Le 62ème sommet de la CEDEAO a acté cela. Cette force ne se limitera pas seulement à intervenir pour rétablir la normalité constitutionnelle là où elle viendrait à être remise en cause par des militaires, elle sera opérationnelle aussi dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cette force régionale se veut donc la réponse communautaire contre les groupes terroristes qui écument l’espace Ouest africain, notamment sa partie sahélienne (Burkina Faso, Mali et Niger) et dans le bassin du Lac Tchad, depuis plusieurs années et les pays du golfe de guinée (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo) récemment. L’opérationnalisation de cette force régionale sera discutée à la mi-janvier 2023 au niveau supérieur par les chefs d’Etats-majors des pays membres. Son financement sera assuré pour l’essentiel par les contributions des pays membres. Tout de même pour ce qui est de ses attributions, une question demeure : faut-comprendre par force anti-coups d’Etat, y compris qu’elle sévira aussi contre les gouvernants qui s’aventureront dans les triturations constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir ?
Rappel à l’ordre des transitions militaires en cours pour un retour rapide à l’avènement des régimes civils
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO réunis dans la capitale nigériane ont également apprécié les rapports de médiateurs de l’organisation. Ils sont trois anciens présidents désignés pour ces missions : le Nigérian Goodluck Jonathan pour le Mali ; le Nigérien Issoufou Mahamadou pour le Burkina Faso ; et le Béninois Thomas Yayi Boni pour la Guinée Conakry.
Pour le Burkina Faso
La CEDEAO, préoccupée par la situation sécuritaire dans ce pays, s’engage à apporter tout son soutien dans la lutte contre le terrorisme dans ce pays. Au plan politique, il faut le dire, le régime de la transition dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré est sur la même longueur d’onde que l’organisation communautaire. Il a acté les 24 mois définis d’un commun accord avec son prédécesseur (le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba). Et, point de contestation de la part de la classe politique et de la société civile du Pays des Hommes Intègres de la conduite de la transition.
Pour la Guinée Conakry
L’organisation Ouest africaine déplore le refus des principales formations politiques du pays de participer au dialogue national en vue du retour du pays à une vie constitutionnelle normale. Aussi demande-t-elle au régime dirigé par le colonel Mamady Doumbouya de tout faire pour l’aboutissement d’un dialogue inclusif, quitte à ce que les discussions se tiennent sur un terrain neutre.
Pour le Mali
Les dirigeants Ouest africains appellent les autorités maliennes de la transition au respect de leur calendrier électoral. Normalement, c’est en mars 2024 qu’elles ont prévu de rendre le pouvoir au civil.
OUMAROU KANE