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Le Premier ministre de la Transition du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a tenu un point de presse ce Lundi 04 Septembre 2023 à la Primature devant un public composé essentiellement de journalistes nationaux et internationaux venus découvrir les ambitions des autorités militaires nigériennes et poser des questions au chef du gouvernement monsieur Lamine Zeine.
On notera d’entrée de jeu que le Premier ministre contrairement aux conférences de presse qui ont cours ,a préféré mettre l’accent sur un échange interactif entre lui et les journalistes, permettant ainsi à ces derniers de pouvoir poser des questions sur divers sujets en lien avec les défis et enjeux de la Transition. Lamine Zeine a répondu à la plupart des questions en esquivant par moment celles qui lui paraissent très embarrassantes notamment la situation des enseignants chercheurs toujours détenus dans les locaux de la Police judiciaire (PJ).
Il a néanmoins fait preuve de fermeté sur la crise qui oppose le Niger et la France au sujet de demande de départ des troupes françaises et le refus de la France de faire partir son ambassadeur du sol nigérien. Tout en fustigeant le comportement irrévérencieux de l’ambassadeur français Sylvain Itté, le Premier ministre Lamine Zeine a assimilé la réaction de la France à un mépris inacceptable vis à vis des autorités nigériennes et de son peuple.
Il n’a pas usé aussi de langue de bois pour qualifier l’embargo contre le Niger d’injuste en rappelant les différentes contributions des précédents présidents du Niger en faveur de la paix en Afrique notamment celle restée historique du président Diori Hamani qui a œuvré pendant la guerre du Biafra au maintien de l’unité du Nigeria.
Si la première sortie du Premier ministre Lamine Zeine est marquée par la fermeté et un fort signal de patriotisme qu’il a envoyés au peuple nigérien, il n’en demeure pas moins que certains questions n’ont pas reçus de réponses précises en témoigne celle relative à la capacité de son gouvernement à garantir les salaires. En effet, Lamine Zeine mise sur le mobilisation des recettes internes tout en la mettant en corrélation avec les assouplissements espérés des sanctions de la CEDEAO contre le Niger, variable évidemment exogène en dehors de la maîtrise du gouvernement.
La question des salaires risque donc à terme de constituer le point d’achoppement entre les autorités nigériennes et les syndicats de travailleurs qui au Niger nous ont démontré qu’ils ne font aucune concession au gouvernement pour ce qu’il considère comme une réalité non négociable. Par ailleurs, l’ampleur de la dette sous l’ancien régime a été divulgué par Lamine Zeine pourtant économiste de carrière sans pour autant apporter l’impact de l’utilisation d’un tel fonds sur la société nigérienne à travers certaines réalisations et aussi la contribution à la croissance à deux chiffres qui, il faut le reconnaître doit être mise à l’actif du régime PNDS.
Les Nigériens jugeront comme à l’accoutumée la performance de tout gouvernement par ses résultats, réalité qui bien attendu n’échappe pas à ce technocrate chevronné qui devra composer aussi avec le courroux fort prononcé de la CEDEAO qui se manifeste par l’étranglement de l’économie nigérienne .
L’histoire nous a démontré que depuis la Conférence Nationale souveraine les soutiens à tout gouvernement s’estompent voire s’effritent brusquement lorsque les salaires ne tombent plus ,en témoignent le gouvernement de Transition sous Wanké qui a été source de grande désillusion pour de nombreux nigériens qui avaient dans la foulée applaudi le « coup d’État libérateur » contre le général Barré. Pour ce qu’ils considèrent comme une réalité non négociable.
ABOUBACAR SOUMAÏLA
