Mali : Après le référendum validé, le colonel Assimi Goïta sur la voie royale du dialogue !

L’adaptation est la clé de l’intelligence du leader, qui sait ajuster sa stratégie au gré des évènements quitte à faire des compromis voire des compromissions, en contournant ainsi les obstacles à l’atteinte de son objectif. Ce principe cher aux grands leaders de ce monde semble être assimilé et maintenant implémenté par Assimi Goïta, l’homme fort du Mali, qui fait face à des résistances farouches dans son pays où les plaies béantes, ouvertes par le terrorisme et la rébellion ont rendu délétère l’atmosphère politique du pays entre le pouvoir de Kati et plus particulièrement celui de Kidal.

Le récent scrutin référendaire ouvertement contesté par les groupes rebelles basés à Kidal, dont les résultats viennent d’être validés en faveur du « OUI » par la cour constitutionnelle à 96,91% a révélé la capacité de nuisance de la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) contre la junte militaire, en dévoilant et imposant la réalité des rapports de forces sur le terrain. Bamako n’avait pas pu imposer sa Loi à Kidal qui a réussi à imposer un rejet systématique au vote référendaire, en lui ôtant ainsi une part de sa légitimité avec pour conséquence inévitable une autre compromission des futures échéances électorales dans cette partie du pays.

Cette démonstration de force de Kital n’a pas été fort heureusement négligée par la junte militaire qui pour décrisper l’atmosphère politique a envoyé le directeur de la Sécurité d’État Modibo Koné, aussi patron des renseignements maliens à Kidal pour une visite auprès des indépendantistes ayant signé avec Bamako l’Accord de paix d’Alger  dont la mise en œuvre constitue la pomme de discorde entre les deux parties. Cette rencontre a abouti à la libération d’une vaingtaines membres à la tête desquels une dizaine des responsables de la CMA arrêtés à Chiman dans la région de Menaka et accusés par Bamako d’être des « terroristes » et détenus depuis Avril 2023 et ce, malgré les nombreuses dénonciations des ex-rebelles, qui jugeaient leur détention illégale.

Mais Assimi Goita qui est déterminé à parvenir à ses fins désormais notoires, en témoigne l’entêtement de la junte à imposer le référendum constitutionnel à tous les Maliens malgré de nombreuses contestations ayant surgi même de son propre camp, quant à certains aspects en lien avec son contenu. Créer ainsi un dégel avec les ex-rebelles indépendantistes de la CMA est nécessaire voire indispensable, tout comme le dialogue amorcé avec l’organisation terroriste le plus influent du pays de Modibo Keïta, l’état islamique au grand Sahara (EIGS) par la libération de plusieurs de ses combattants pour faciliter la suite du processus de la transition en butte au rejet de la rébellion de Kidal.

Il serait donc improductif pour Assimi Goïta de maintenir un statut quo suicidaire, qui de toute évidence va lui desservir en suscitant une gouvernance repliée essentiellement sur elle-même à Bamako, ce qui aurait pour conséquence d’exacerber davantage les profondes divisions du Mali-BA (le grand Mali). Une application de l’Accord d’Alger paraît dès lors incontournable, même si elle se fera de façon « intelligente », selon Assimi Goïta qui se décide enfin à prendre langue avec les ex-rebelles jadis vomis par lui-même et ses camarades de la junte militaire et certains de ses partisans qui occultent le principe fondamental de l’équilibre de la terreur de mise sur le territoire Mali et entretenu par les belligérants.

Pour qu’il en soit ainsi, les faucons autour d’Assimi Goïta ont été mis en quarantaine, afin de réduire grandement leurs influences devenues nuisibles pour la réconciliation des filles et fils du Mali. La stratégie du tout militaire déployée à grandes pompes par la junte militaire et ses alliés mercenaires russes de Wagner prend inexorablement le chemin réfléchi et raisonnable de la stratégie holistique dont l’implémentation bien que timide semble aujourd’hui nécessaire, sinon la voie royale de Kati.

Assimi Goïta fait montre ainsi d’une intelligence politique, d’autant que même Hitler avait soigneusement évité de multiplier les fronts contre lui, en ayant compris que la multiplication des fronts n’aura que l’unique conséquence l’émiettement de sa propre force, en entraînant dans son sillage la chute inévitable de son régime. Espérons qu’il confirmera et maintiendra cette nouvelle démarche, tout au long de cette transition en prenant le contre pied de ce sage proverbe du Mali-BA qui dit « que le margouillat grimpe sur les murs, ne le transforme pas en maçon pour autant ».

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger