Centrafrique : L’Archange de Bangui se taille une présidence à vie !

« Le peuple est au-dessus de la Constitution. Président démocratiquement élu, je ne peux rester insensible aux demandes pressantes et légitimes du peuple souverain de doter notre pays d’une nouvelle Constitution ». Tels sont les propos du président centrafricain Faustin Archange Touadera diffusés sur les réseaux sociaux le 30 Mai, en justifiant sa décision d’organiser un référendum constitutionnel, le 30 Juillet 2023. La Centrafrique ouvre la voie à une véritable dictature sous l’impulsion du président Faustin-Archange Touadéra dont le projet du texte de la Constitution vient d’être remis à la direction nationale de la campagne référendaire.

Ce texte renseigne sur la future République centrafricaine qui devrait régenter la vie des citoyens dans un pays dont l’histoire a été marquée durant deux décennies par des guerres intestines ayant exacerbé les animosités entre les diverses composantes du pays de Bokassa. Outre le fait que ce nouveau texte permet de briguer un 3è mandat offre la voie à la présidence à vie, en son article 67.

L’initiative du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra rappelle une sombre page de l’histoire de ce pays sous le président Jean Bedel Bokassa qui sous l’emprise d’une folie de grandeur s’était autoproclamé empereur de la Centrafrique, suite à des cérémonies ayant tourné en dérision toute l’Afrique en Décembre 1977. « Il y a deux éléments dans une constitution : l’histoire d’un peuple et la géographie d’un peuple.

Or, nous avons toujours eu des constitutions qui nous ont été imposées par des contingences historiques. En d’autres termes, elles viennent de l’extérieur, elles nous sont imposées, y compris les régimes », ces propos d’Aristide Reboas, ministre de la Jeunesse et des Sports de la République Centrafricaine rime avec la nouvelle tendance révolutionnaire qui marque les constitutions au Mali et au Burkina Faso. Les juntes militaires de ces pays ont décidé de rompre avec le « prêt à penser » caractéristique des constitutions, véritable réplique de celle de la métropole.

Le référendum pour une nouvelle constitution est fixé le 30 Juillet prochain. Cette décision de changer la constitution pour asseoir une véritable monarchie a suscité une vague d’indignations de l’opposition centrafricaine qui dénonce une volonté du Chef de l’Etat de briguer un 3è mandat de cinq ans en 2025, ce qui est en porte-à-faux avec l’actuelle Constitution du 30 Mars 2016.

Cette Constitution de 2016 bien que jugée « insuffisante » et ne répondant pas aux réalités centrafricaines est ardemment défendue par une coalition de partis d’opposition dénommée le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC). Mais dans un contexte de non respect de droits de l’homme soutenu et défendu par les mercenaires russes de Wagner, il est un truisme de dire que le président centrafricain imposera sa volonté, face à une opposition timorée voire inexistante.

ABOUBACAR SOUMAÏLA

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Author: Mourya Niger