CEDEAO : Ahmed Tinubu, le nouveau porte-flambeau de la démocratie et de l’antiterrorisme !

Elu à l’unanimité des Chefs d’Etat à la tête de l’organisation communautaire (CEDEAO), le président nigérian Bola Ahmed Tinubu s’est exclamé « le Nigéria est de retour !». Entendez par là, le grand Nigéria, le géant, la puissance économique et militaire de la sous région Ouest-africaine est de retour sur la scène politique du continent et entend surtout assumer une mission à la hauteur à la fois de sa taille et de celle des ambitions de son nouveau président pour l’Afrique.

D’ores et déjà, le président Tinubu a ouvertement affiché sa position tranchée contre l’irruption des juntes militaires sur la scène politique et donc des coups d’Etat, des prises de pouvoir anticonstitutionnelles mais également son engagement pour la lutte antiterroriste. Le nouveau président de l’organisation communautaire connait bien les problèmes de la sous région et de ceux du continent africain.

Et il n’y va pas par le dos de la cuillère pour les évoquer. Bola Ahmed Tinubu les affronte directement. « L’instauration de la démocratie et sa consolidation » dans l’espace communautaire de la CEDEAO est sa priorité.

Ce qui justifie que la démocratie devient du coup le socle de son action à la tête de la CEDEAO durant son mandat. Il fera recours à tout ce qui est nécessaire y compris la force pour déloger ceux qui s’emparent du pouvoir par la force en Afrique. Pour les juntes militaires déjà en place au Burkina Faso, au Mali et en Guinée-Conakry, Tinubu donne un ultimatum d’un mois pour examiner leur cas et prévient gare à elles. Elles doivent tenir les calendriers à elles convenus avec la CEDEAO pour venir à bout des transitions, au risque d’être délogées de force.

Une position totalement partagée par ses homologues Chefs d’Etats de l’espace communautaire. Au sommet de Bissau, en plus de la consécration du retour du Nigéria pour porter le flambeau de la démocratie et de la lutte antiterroriste, les Chefs d’Etat ont entériné le travail des experts sur l’érection d’une force d’intervention de la communauté.

Les dirigeants ont convenu de la mise sur pied rapidement d’une brigade d’intervention rapide composée de 1650 hommes et devrait atteindre 5000 hommes sous peu, dont l’objectif est d’intervenir dans les pays désignés par déploiement direct. Une sorte d’opération des forces spéciales de terrain avec « une mission offensive, de recherche d’ennemis sur le terrain, de destruction des stratégies adverses, de lutte contre les terroristes et de protection des civiles en étroite collaboration avec les forces armées républicaines ».

Les limites de l’organisation communautaire (CEDEAO) !

L’organisation communautaire elle-même n’est pas épargnée des critiques, d’autant que tous les Etats membres ne sont pas exempts d’acerbes critiques formulées par leurs propres concitoyens. La CEDEA0 ne parvient toujours pas à devenir une CEDEAO des peuples avec « une réalité de la libre circulation des personnes et des biens » vécue comme telle et reconnue par les ressortissants des pays membres, contrairement aux autres regroupements comme l’union européenne, l’OTAN dont un minimum de règles élémentaires sont respectées par les Etats membres.

Et ce, malgré une Task force présidentielle mise en place à cet effet et le très expérimenté diplomate ghanéen Mohamed Ibn Chambas, qui s’en occupe. L’institution communautaire devrait dépasser le cadre des médiations dans les crises politiques survenant au sein de l’espace et se lancer dans une franche perspective de prévention, en implémentant toutes les ressources d’expertise disponible et à sa portée (de la CEDEAO).

C’est un énorme défi encore qui reste à être relevé par les institutions inhérentes à cette organisation communautaire. Aussi, les questions de gouvernance démocratique à l’intérieur de chaque Etat devraient passer pour être de modèle comme la lutte contre la corruption, les marchés communautaires, les investissements, le respect strict des codes douaniers, la paix et les valeurs démocratiques internes doivent être érigés en principes cardinaux dans l’espace communautaire.

La CEDEAO doit rompre avec le concept creux de la démocratie consistant à promouvoir une simple démocratie électoraliste. Les institutions devraient imposer un principe de gouvernance de référence à l’image du principe de l’alternance démocratique en cours dans un certain nombre des pays comme le Nigéria, le Niger, le Bénin, le Sénégal (en cours), en Mauritanie, au Libéria, au Ghana, en Guinée-Bissau etc.

L’application des reformes institutionnelles ainsi que le respect des critères des convergences dans la gouvernance politique, économique et sociale s’avèrent absolument nécessaire.

MOUSSA NAGANOU

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Author: Mourya Niger