Finances : Il faut alléger la dette Africaine pour éviter l’effondrement de son économie !

Les efforts de la zone UEMOA

Après le sommet de Paris sur la recherche d’un « nouveau pacte financier mondial » encore en attente du 22 au 23 Juin 2023 dernier pour donner un souffle nouveau aux économies africaines, le président nigérien Mohamed Bazoum convoque en session extraordinaire les Chefs d’Etats et de gouvernement de l’union économique et monétaire Ouest-africaine qu’il préside à Bissau, en République de Guinée du même nom. Une tentative de reforme institutionnelle retardée pour l’instant visant à capitaliser les efforts réalisés en matière de croissance, de résilience et même de progrès par les différents Etats de la zone économique de l’UEMOA.

Il faut en effet remarquer que cette zone monétaire et économique affiche un taux de croissance économique de 5,9%, un taux largement au dessus de la moyenne mondiale, qui culmine autour de 3,4%. Malgré les chocs exogènes en matière alimentaire (hausse de prix), énergétique (dépendance), de crise sanitaire comme la Covid19 et les effets néfastes du changement climatique au Sahel, la zone économique a réussi à se maintenir dans une stabilité relativement appréciable et ce, malgré aussi la suspension des mesures de convergence adoptée en 2015 pour cause de la Covid19.

La reforme visant à doter la zone économique de l’UEMOA d’une vision prospective à l’horizon 2040 passe pour être un outil de gouvernance économique d’anticipation en vue d’assoir les bases et de tracer les priorités stratégiques permettant de poursuivre la marche majestueuse de l’union des 8 pays membres (de l’UEMOA) vers « une prospérité partagée », renseigne Mohamed Bazoum, le président en exercice des Chefs d’Etat et de gouvernement. Le président nigérien ne doute point que « l’adoption des mesures pertinentes d’approfondissement de l’intégration régionale, de l’augmentation des ressources via une mobilisation des partenaires techniques et financiers est une priorité visant à l’amélioration du bien-être des populations » de la zone de l’Union à travers surtout l’exécution des projets majeurs d’investissements socioéconomiques au profit de la jeunesse.

Aussi l’idée du président Mohamed Bazoum est unanimement partagée par ses homologues qui s’alignent sur l’idée que « la viabilité de leurs économies sur le long terme réside dans le retour progressif de la sécurité au sein de l’espace commun UEMOA. Il est nécessaire que nous travaillions à renforcer notre coopération afin de rétablir durablement la paix et la quiétude au sein de leurs populations ». Ce qui justifie manifestement la levée des restrictions économiques de l’UEMOA pour le Mali aux mains d’une junte militaire, malgré le poids de la dette, qui tient encore tous les pays membres de l’Union en respect aux puissances mondiales.

Il est urgent de reformer la dette souveraine Africaine !

Le G20, son cadre commun, le FMI, la Banque Mondiale et les banques multilatérales de développement (BMD) et le secteur privé en incluant les fonds vautour (FV) doivent rapidement s’entendre pour alléger la dette souveraine de l’Afrique pour éviter le pire au continent. En effet, il est évident que la majorité des Etats du continent croule sous le poids de la dette souveraine contractée pour la plupart de 2009 à 2020 et ce, à cause surtout des taux d’intérêts relativement très bas constatés au courant des dix dernières années entre 2010 à 2020.

Dr Hanan Morsy, économiste égyptienne et grande spécialiste de l’économie africaine a fait ce constat et déduit les causes d’un effondrement économique de l’Afrique à l’horizon 2030, si rien n’est fait en termes de restructuration rapide des dettes des Etats déjà englués dans la souffrance de la dette, qui pourrait plomber les recettes d’investissement dans les secteurs prioritaires et de l’avenir. Pour elle, beaucoup de pays risquent de dévier les recettes devant servir aux investissements prioritaires comme l’éducation, la santé, les infrastructures, l’eau, l’électricité et de ceux du domaine de l’avenir comme l’énergie verte, la paix, le développement au profit du service de la dette.

« Le nouveau pacte financier mondial» doit créer les conditions à trouver de la place à l’Afrique à la table du G20 pour que celle-ci puisse s’exprimer véritablement et s’intégrer efficacement au « cadre commun du G20 » ouvert sous forme de Table ronde pour discuter des modalités d’allégement efficace de la restructuration des dettes africaines. Parce que la pauvreté s’accentue sur le continent, à cause de plusieurs facteurs exogènes dont surtout le poids de la dette souveraine, la crise de la dette (surendettement), les effets du changement climatique, la naissance des foyers des conflits au cœur du continent (le Sahel), les effets de la guerre en Ukraine sur l’Afrique (hausse des prix des denrées alimentaires).

« En 2024, les pays africains dépenseront environ 74 milliards de dollars pour le service de la dette, contre 17 milliards de dollars en 2010. Deux États comme le Ghana et la Zambie ont déjà fait défaut (de paiement), tandis que le Tchad et l’Éthiopie sont en pourparlers de restructuration », explique Dr Hanan Morsy.

« Les efforts visant à remédier à cette situation ont été rendus plus difficiles par la complexité accrue du paysage des créanciers. L’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) du G20, qui a suspendu le paiement de la dette des pays éligibles entre mai 2020 et décembre 2021, a fourni un allégement temporaire.

Le Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette, un processus par lequel les Pays à faible revenu peuvent demander une restructuration de la dette, a ensuite été établi en novembre 2020 pour compléter la DSSI », fait remarquer l’économiste égyptienne Dr Morsy.

Trop de dettes tuent finalement le pays endetté, en constituant un véritable goulot d’étranglement pour le développement des secteurs vitaux du pays, en se positionnant comme une épée de Damoclès sur la tête des pays concernés en réduisant à néant leurs efforts et leurs marges de manœuvre au plan économique et social, avant d’en arriver au règlement de la dette elle-même. Donc, il est urgent d’appliquer rapidement à tous les pays à faible revenu les mesures de restructuration de leurs dettes pour donner un souffle nouveau à la vie des nations dans « un élan de solidarité et de prospérité partagée » comme si l’a si bien dit Mohamed Bazoum, le président en exercice de l’UEMOA.

MOUSSA NAGANOU

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Author: Mourya Niger