Niger : Ce pourquoi on doit relativiser à propos de l’énergie !

S’il y a un secteur qui défraie la chronique ces derniers temps, c’est incontestablement celui de l’énergie.

En effet, suite à des intempéries successives ayant endommagé certaines installations de la Nigelec, celle-ci n’arrive pas à couvrir les besoins de la zone du fleuve et se trouve dans l’obligation de procéder à un délestage, le temps de finir les réparations. Devrions-nous fustiger la NIGELEC pour cet état de fait ?

Pour répondre à cette question, une analyse de notre politique énergétique s’impose : elle est nécessaire pour mieux comprendre et appréhender les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui, et y apporter les solutions adéquates.

  1. De la dépendance vis-à-vis du Nigéria

Notre politique énergétique a toujours été relativement dépendante du Nigéria pour des raisons de coût essentiellement ; néanmoins, la NIGELEC a toujours gardé une certaine production propre avec les centrales de Goudel et de Gamkallé.

Cependant, au début des années 2000, on a décidé délibérément d’accentuer cette dépendance en n’investissant plus dans les réserves froides mais en investissant sur la ligne d’interconnexion avec Birnin Kebbi. La conséquence directe de ce choix est qu’à l’arrivée du gouvernement de la Renaissance, notre capacité de production propre d’énergie couvrait à peine 7% des besoins.

C’est à ce moment, avec une politique énergétique différente axée sur des investissements massifs et diversifiés, que l’Etat a entrepris d’augmenter notre capacité de production propre et de réduire cette dépendance vis-à-vis du Nigéria, avec la construction et le renforcement de plusieurs centrales (Goroubanda, Isthitmar, Goudel…). Ce choix a permis de porter notre capacité de production de 7% en 2011 à plus de 65% aujourd’hui.

Rien qu’entre 2021 et 2022, 303 nouvelles localités ont été électrifiées et 213.990 nouveaux ménages ont eu accès à d’électricité, plusieurs centrales hybrides ont également vu le jour dans le cadre de la diversificaion de notre mix énérgétique en renforçant la part des énergies vertes; c’est le cas des centrales D’Iférouane, Timia, Tamaya, Ingall, Tilia, Tassara, Dirkou, Bilma, etc…Agadez est en cours de construction et la centrale photovoltaique de Goroubanda sera inaugurée la semaine prochaine.

2. De l’immensité de notre territoire

L’un des paramètres à prendre en compte est celui de notre superficie. En effet, le problème n’est pas uniquement de produire de l’énergie, il faut aussi la transporter et au vu de l’immensité de notre territoire, c’est un défi majeur ; imaginez qu’on produise de l’électricité à Salkadamna et qu’il faille la transporter à Termit ou Fachi ou encore Assamaka…Cela voudrait dire qu’il faut construire une ligne de transport sur des milliers de km, ce qui n’est pas évident en terme de coûts et comparé à des pays comme le Bénin ou le Rwanda qui ont des petites superficies; le défi à relever ici est tout autre.

3. Des coûts d’investissement

L’énergie est un secteur stratégique et un préalable obligatoire sur notre route vers une industrialisation de notre économie ; c’est pourquoi elle représente 25% de notre budget.

En 10 ans, le gouvernement de la Renaissance a construit une dizaine de nouvelles centrales thermiques (Goroubanda, Isthitmar Niamey et Zinder) et hybrides ( Iférouane, Timia, Tamaya, Ingall, Tilia, Tassara, Dirkou, Bilma etc…). Si l’on y ajoute Agadez en cours de construction et la centrale photovoltaïque de Goroubanda qui sera inaugurée la semaine prochaine, c’est plus qu’aucun autre régime auparavant

Conclusion

Certes, nous avons le droit de nous plaindre, mais nous devons aussi relativiser et regarder le chemin parcouru: on est passé des délestages d’une semaine il y a quelques années à quelques heures aujourd’hui ; beaucoup a été fait mais beaucoup reste à faire aussi, soyons indulgents et patients car comme le dit l’adage,  »Rome ne s’est pas construite en un jour ».

Dr MOHAMED YASSER

Citoyen du Niger

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Author: Mourya Niger