Mali : Le Colonel Assimi Goïta et le Franc CFA, le beurre et l’argent du beurre !

« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas à ce que l’on s’apitoie sur son sort ! », en proclamant cette valeureuse assertion, le jeune révolutionnaire burkinabè des années 1980, le capitaine Thomas Sankara a déjà tracé la voie à suivre ainsi que les mérites des vraies révolutions contemporaines comme un décret sorti de sa bouche par injonction des « dieux africains » de la politique. Les Colonels de Bamako et de Kati, qui fument le calumet du souverainisme au Gnamakou de l’isolement de leur pays et d’un panafricanisme se résumant à « Non à un Blanc » avec un arrière-goût de racisme ont catalogué coup sur coup de « complices des terroristes » et logé l’opération Barkhane, la task force européenne Takuba ainsi que les policiers et gendarmes de la MINUSMA à la même enseigne, en désignant ainsi la France comme un coupable idéal à abattre, en vue uniquement de récolter d’orageux applaudissements des populations de Bamako, la capitale du Sud du « Mali-Ba » ou « le grand Mali », tout en laissant se propager obscurantisme, désolation et drame à l’image des charniers de Moura et de Gossi, un carnage commis contre d’autres Maliens, froidement exécutés par leurs propres frères, assistés souvent des tueurs professionnels portant le dossard de Wagner. 

Avec justement un panafricanisme totalement réduit « au Non à la France », le Colonel Assimi Goïta et ses vindicatifs officiers des forces armées maliennes (FAMA) sont loin d’assumer la révolte de l’esclavage qu’ils dénoncent à travers la France, de « De Gaulle à Macron ». D’autant que malgré les discours bruyants et fracassants à Bamako, à Kati et à la tribune des Nations-Unies, les colonels du pays de Modibo Keïta appellent Poutine de toute leur force pour que ce dernier daigne sortir du Kremlin pour ainsi venir remplacer Macron dormant tranquillement dans son palais de l’Elysée à Paris.

« Changer de maître » est-ce le meilleur moyen d’assumer la révolte de l’esclave, en quête d’affranchissement, qui court et s’en fuit sans le moindre repère de son objectif, avec les chaines de sa négritude encore au cou ? Visiblement, les Colonels de la garnison de Kati qui ont abandonné le front antiterroriste pour descendre à Koulouba s’emparer du pouvoir n’avaient aucun projet de société viable pour leur pays et encore moins les moyens de l’assumer, si ce n’est de l’isoler complètement du monde.

Ils fument et boivent au prix du Franc CFA dans cette partie du Sud du pays pendant que les populations du Centre et celles du Nord pleurent toujours leurs morts et fuient la violence. Ils brassent et balancent en l’air des billets de CFA pour retarder la promesse du procès du putschiste de renom, Amadou Haya Sanogo contre Amadou Toumani Touré (ATT) et s’amusent à Bamako ou à Kati avec la misère du peuple Malien entier, en jouant au jackpot avec la France pour obtenir du Franc CFA depuis les usines de Chamalières à Clermont-Ferrand.

Quand la pénurie du Franc CFA fait assagir les Colonels !

Il faut dire que malgré les boutades retentissantes des Colonels à travers les villes paisibles du Sud du pays au bout du fusil et leurs supplétifs civils au sommet de la Transition, à l’image de Choguel Kokala Maïga ou encore du Colonel Abdoulaye Maïga, ils ne parlent jamais du Franc CFA, qu’ils aiment tant et s’en servent dans l’allégresse. Les nouveaux panafricanistes du « Non à un Blanc » affirment haut et fort « non à la France », ce qui plait aux foules, remue et mobilise les rue bamakoises à leur faveur mais pas contre le Franc CFA, c’est donc en silence « Oui au Franc CFA » !

Et pourtant, le tout civil Modibo Keïta, lui avait osé créer une espèce de monnaie, qui a tout de même conservé le nom « Franc » et s’appelait le « Franc Malien de 1968 à 1984» ayant engendré des conséquences insupportables pour l’économie malienne, au point de contraindre le Mali à opérer un rétropédalage historique par un retour fracassant au Franc CFA. Oui, Assimi Goïta et ses irréductibles officiers aiment le Franc CFA pour sa garantie de convertibilité illimitée et sa stabilité tenant au trésor français, oui à la fois au beurre et à l’argent du beurre mais « à mort le berger » qui en assure pourtant le pâturage, c’est à dire la sécurité monétaire et la parité fixe au lieu de la flexibilité (liée au Dollar Américain ou à l’Euro).

Malgré les discours flambés et flamboyants et souvent même orduriers jetant de l’opprobre sur les instituions de la CEDEAO et l’UEMOA, selon nos sources, le Colonel Goïta a récemment fait appel au président ivoirien, Alassane Ouattara pour lui demander de desserrer l’étau voire de lever certaines restrictions financières à la BCEAO pour trouver d’air financier soufflant du Franc CFA pour renflouer les caisses à la survie de nos Colonels englués dans la pénurie du Franc CFA. C’est en quémandant du Franc CFA pour combler les vides de sa gestion au tâtonnement et par de coups de tête qu’on lance des slogans creux de sens et de contenu que le panafricanisme du « Non à la France » espère « libérer l’Afrique » à partir du Mali d’Assimi Goïta !

C’est donc par un tour de magie et du jeu de saute-mouton comme une blatte-mante au sein de la zone Franc que le Colonel Assimi Goïta n’aime plus la coopération technique et militaire française (attention, la coopération n’est pas rompue mais c’est l’ancien ambassadeur à Bamako, Joël Meyer qui est déclaré persona non grata chez les Goïta) mais il aime le Franc CFA et ses garanties de stabilité et de convertibilité illimitée, ah haaaaa ! Et qu’adviendra-t-il aux Goïta si le trésor français décide d’exclure le Mali de la zone Franc ou simplement si l’UEMOA décide de serrer sur la bourse des devises du Mali ?

Alors même que des pays anglophones comme le Nigéria et ses opérateurs économiques ont déjà adopté le Francs CFA comme une monnaie unique de fait, à cause de leur proximité avec le Niger, le Cameroun, la Centrafrique et le Tchad tout le long des frontières que le Mali fait semblant pour masquer son incapacité à garantir la création d’une monnaie locale, à l’image de Modibo Keïta. Une première expérience monétaire qui s’est déjà soldée par un échec cuisant.

Même si le Franc CFA est un bien économique de la France en vertu du décret du 25 Décembre 1945, voire un instrument de régulation ou de contrôle des économies de ses anciennes colonies, ce n’est pas par un panafricanisme aveugle ou aveuglant que l’Afrique francophone peut s’en défaire mais au contraire par un engagement éveillé et intelligent au Co-développement. Visiblement, le très silencieux Colonel Assimi Goïta en est conscient contrairement à ses durs sbires, qui le tirent vers l’isolement, vers le bas.

MOUSSA NAGANOU

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Author: Mourya Niger