L’Elysée vole-t-il ainsi au secours de la démocratie sénégalaise, au moment où sa diaspora à Paris a emboîté le pas aux manifestants de Dakar contre Macky Sall et ses velléités de 3è mandat ? La situation au Sénégal connait aujourd’hui une dégradation continue, au point d’interpeller la communauté internationale, surtout lorsqu’il s’agit du Sénégal perçu tout de même comme un modèle de démocratie dans cet Océan de nombreuses dictatures au vernis de démocratie qui occupent le continent africain. Partenaire historique et privilégié du Sénégal comme beaucoup d’autres pays sur le continent africain, la France ne pouvait plus rester indifférente à la flambée de violences qui a embrasé le pays de la Teranga.
Aussi, Macron a-t-il renouvelé au président Macky Sall ses appels à renoncer à un 3è mandat ? C’est suite à une communication téléphonique, le dimanche dernier qu’Emmanuel Macron aurait déconseillé son homologue sénégalais de ne pas succomber à une telle mésaventure, avec pour contrepartie certainement un « point de chute » dans une très haute institution du monde moderne, qui le comblerait d’honneur.
La voie est déjà tracée par des anciens Chefs d’État ayant respecté le jeu de l’alternance démocratique, en évitant de se retrouver dans les poubelles de l’histoire. C’est désormais devenu un principe connu de tous : les bons démocrates sont récompensés par la communauté internationale, en suscitant ainsi des émules chez les dirigeants encore hésitants, voire timorés dans leur apprentissage maladroitement à la sorcellerie politique que de suivre la « bonne voie » bien droite et sans embuches.
Ainsi, l’ancien président nigérien, Issoufou Mamadou en est une parfaite illustration, par la réussite de son option à rendre le pouvoir après deux mandats constitutionnels, normaux. Aujourd’hui, il engrange tous les honneurs en Afrique, en Europe ou en Amérique, alors que son ancien homologue guinéen, même du haut de son expérience de ‘’Professeur’’, Alpha Condé devenu président de la République est aujourd’hui considéré malgré tout, comme un véritable pestiféré.
Macky Sall cédera t-il enfin à ce « coup de semonce » du président Français ? L’occasion en or, lui est donnée enfin de lever l’équivoque sur ce procès lourdement chargé d’intention de briguer un 3è mandat. Le 25 Juin 2023 est une date fatidique pour Macky Sall et son pays le Sénégal, lors de son message à la nation tant attendu par tous les sénégalais et les autres citoyens africains.
Cette fois-ci, le flou artistique qui entoure cette épineuse question de 3è mandat ou pas, ne pourra plus perdurer dans un contexte de crise politique durement ressentie, et qui ne cesse de dégénérer. D’autant que de nombreuses archives tirées de l’histoire politique post coloniale nous renseignent toujours que lorsque Paris choisit son camp, l’entêtement du dirigeant africain en place est souvent source de sa propre déchéance inexorablement.
MOUSSA NAGANOU
