Image du meeting d’Accra de Younoussa Ali, le candidaté rejeté
Selon nos sources, le principal parti à l’opposition politique traverse une crise sans précédent. Une crise profonde marquée par un très grave conflit d’intérêts autour de la défense du père spirituel Hama Amadou, devenu l’autorité morale du mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden Lumana-Africa).
Les lieutenants au sommet du parti Moden Lumana-Africa aujourd’hui, à en croire à nos sources, sont divisés autour de la conduite à tenir face au retrait progressif de leur leader, Hama Amadou de la scène politique. Un retrait justifié en grande partie par ses propres déboires judiciaires mais surtout aujourd’hui encore, à cause de la léthargie du parti au sein de l’échiquier politique nigérien et ce, depuis la fin des élections générales 2020-2021.
« Ca gronde au sein du parti depuis longtemps mais personne n’a osé lever le petit doigt pour broncher ouvertement pour respect aux autres mais cela va s’arrêter maintenant. Parce qu’on a tout compris, on n’est plus des enfants. Lumana est un parti politique aujourd’hui parce que le stratège Hama Amadou est dedans », affirme un militant très en colère.
« Nous, on a décidé de vider la maison parce que les leaders travaillent pour eux-mêmes et ne veulent plus qu’on parle de Hama Amadou, le fondateur du Moden Lumana-Africa. Désormais, toute la zone grande électorale de Kirkissoye quitte Lumana et rejoint Jamhuria du président Abouba Albadé », commente un président de coordination Lumana ayant tourné le dos au parti.
« Vraiment, les leaders du Moden Lumana-Africa pensent qu’on est naïfs, mais on ne l’est pas. On est seulement respectueux des leaders avant et c’est fini maintenant, on n’a plus confiance à aucun d’eux », explique un autre jeune très déçu du comportement de son parti.
« Je vous assure que les leaders de Lumana-Africa pensent que si Hama revient aujourd’hui, c’est fini pour eux. Il leur fera certainement ombrage, parce qu’il n’y a pas Lumana s’il n’y a pas Hama Amadou dedans », tranche un autre militant.
Nos sources précisent également que la zone du 5è Arrondissement représente près de 25% de l’électorat du parti. C’est la substance de cette zone qui a fait défection le Samedi dernier en faveur du parti Jamhuria du président Abouba Albadé, qui se frotte désormais les mains. C’est cette zone qui a toujours permis d’élire plus facilement et régulièrement un député au titre du parti.
Tout serait parti de la « création d’un comité de soutien à Hama Amadou » par des jeunes militants frustrés par le comportement du bureau politique de Lumana-Africa, qui ne se réunit guère, à fortiori d’évoquer la situation de leur leader parti en France pour des soins personnels. Aussi, le dit comité ainsi que la mission qu’il s’est donné ont-ils été jugés illégaux par les leaders du parti au cheval aillé?
Ensuite, le rejet de la candidature d’un certain Younoussa Ali, autre militant très populaire de la diaspora ghanéenne et réputé très proche de l’autorité morale, autrement dit le véritable candidat de Hama Amadou a exacerbé la crise au sein du parti. C’est ainsi que le Dimanche 11 Juin, Younoussa Ali, le candidat indésirable, rejeté a décidé de faire une démonstration de force en organisant un meeting au Ghana, le même jour et le même moment où Aïchatou Mayaki, la dame dont la candidature a été retenue organisait le sien en présence de quelques membres du bureau politique comme le secrétaire général Sani Mahaman ou encore le député maire de la ville de Niamey Moumouni Dogari.
« Aucune information sur Hama Amadou, personne ne parle de lui au sein du parti. Est-ce cela est normal pour un parti politique dont les militants sont déconnectés de lui? », s’interroge un jeune militant. « Si les leaders, qui profitent des privilèges du parti aujourd’hui sont rassasiés et n’ont plus besoin de lui, alors nous, nous avons besoin de lui pour nous éclairer le chemin politique », apostrophe une dame.
Le rejet de la candidature à l’élection législative de la diaspora du grand militant Younoussa Ali est illustratif de l’exclusion systématique du parti de tous les leaders et autres militants trop proches de Hama Amadou. Les militants du Moden Lumana-Africa tirent ainsi aujourd’hui la leçon politique selon laquelle les défenseurs farouches de l’autorité risquent énormément gros s’ils ne quittent pas la barque Lumana très tôt, quel que soit leur niveau de popularité.
MOUSSA NAGANOU