Fespaco : Le colonel Goïta et le capitaine Traoré préfèrent le cinéma au front antiterroriste ?

Ils ont préféré le montage cinématographique du quartier hypermoderne de Ouaga 2000 que le terrain, le front terroriste qu’ils ont promis de vaincre pour arracher la victoire, la paix et la sécurité au profit des Burkinabè et Maliens. Le colonel Assimi Goïta, chef de la junte militaire malienne et son jeune frère, le capitaine Ibrahim Traoré ont préféré s’adjuger un festival, où le cinéma est joué et le terrorisme mis en scène qu’ils coprésident, l’aîné à distance depuis Bamako ou Kati (Goïta), l’autre en présentiel à Ouagadougou (Traoré).

Notre colonel et son jeune capitaine admirent le cinéma, alors même que leur destin commun commande de le jouer en réalité, pour libérer leurs deux peuples et entrer dans l’histoire par la grande porte. Ce cinéma tourné pour la circonstance, est « le festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou », le Fespaco exhumé de ses poussières et ressuscité de son sommeil post mortem du Covid19.

Les deux officiers de l’armée du Burkina Faso et du Mali ont plutôt préféré déserter de leur mission du front de combat contre le terrorisme au profit des Burkinabè et Maliens pour s’adonner au jeu d’acteurs dans le cinéma panafricain de Ouagadougou. Ils sont assis sur des salons présidentiels pour regarder le cinéma, en foulant des pieds leurs promesses de vite finir avec le terrorisme justifié pour prendre le pouvoir pour singer depuis Ouagadougou en siégeant à Kossyam et à Koulouba depuis Bamako.

Ils ont certainement abandonné le front et préféré ainsi admirer des artistes, eux qui n’ont que leurs caméras et leurs imaginaires pour participer à la lutte contre le terrorisme. «Sira» de la burkinabè Apollinaire Traoré, «l’envoyée de Dieu» de la nigérienne Amina Abdoulaye Mamani ou encore «le spectre de Boko Haram» de la camerounaise Cyrielle Raingou mettent en scène l’entreprise obscurantiste du terrorisme au Sahel et interpellent en même temps l’engagement de ces putschistes vis-à-vis de leurs promesses.

L’exploitation à outrance d’un simple festival de cinéma

 Le Mali a envoyé son sulfureux Premier ministre, Choguel Maïga à la tête d’une forte délégation d’une cinquantaine de personnalités officielles à la cérémonie officielle de l’ouverture de ce festival du cinéma. La délégation y avait séjourné pendant trois jours à Ouagadougou et beaucoup disserté sur la lutte antiterroriste.

Le Mali a été désigné d’office par les autorités Burkinabè comme le pays invité d’honneur du Fespaco et son président Assimi Goïta devient le coprésident de la cérémonie de clôture. Durant tout le festival, la communication présidentielle de Goïta a vendu l’idée de la première visite officielle du patron de la junte militaire malienne réservée au «pays des hommes intègres».

Entre ses deux palais de Koulouba et de la garnison de Kati, l’homme fort du Mali suit avec une admiration accomplie le cinéma projeté depuis Ouagadougou. A Ouaga, l’on a fait croire que le colonel Assimi Goïta viendra coprésider la cérémonie de clôture du Fespaco 2023 avec son jeune frère et homologue, Ibrahim Traoré.

L’on a maintenu un tel suspens jusqu’à la dernière minute, en entretenant une vivre et intense communication, en trompant la vigilance de la presse Burkinabè et francophone, qui espéraient lui arracher l’une des rares interviews de son second coup d’État au Mali. Le colonel Assimi Goïta a exploité profondément cette image de sa « visite » réservée au Burkina Faso, qui n’aura guère eu lieu, à telle enseigne qu’il a décroché le «prix du cinéma de la grande absence» attribué par le groupe de médias Oméga.

La télévision France 24, du groupe France Média monde aussi est plongé dans le suspens à la «Assimi Goïta». Sa correspondante sur place à Ouagadougou et en direct de la salle de cinéma Ouaga 2000 a été entraînée à annoncer l’entrée imminente du colonel Goïta dans la tribune officielle d’un moment à l’autre par une volte face savamment organisée.

Ainsi, Assimi Goïta brillera par son absence, le colonel restera cloitré entre les murs de Koulouba. Son puissant «Karamogo» l’aurait murmuré à l’oreille de l’avènement d’un mauvais augure pour lui, si jamais il tentait de fouler le sol du pays, même celui «des hommes intègres».

MOUSSA NAGANOU

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Author: Mourya Niger